21 novembre 2012

Reblog: Divinité de la moule

En important mon ancien blog, je suis tombé sur ce texte d'août 2006. Vous comprendrez aisément pourquoi il fallait le rebloguer immédiatement. Une perle pareille, ça se garde.

On m'a toujours dit que la moule venait de Zélande. Pas depuis l'origine du monde. Elle aura fait un grand voyage dans l'océan depuis l'Amérique Centrale. Selon les Mayas, la moule porte la terre naissante sur le dos du crocodile monstrueux émergeant des eaux cosmiques. Pire. Elle se retrouve associée aux divinités chtoniennes et notamment au Jaguar, grand dieu de l'intérieur de la terre, qui, comme le crocodile, la porte sur son dos.

C'est ainsi qu'on découvre que les pêcheurs de Zélande ont une vie bien dangereuse. Contrairement à ce que l'on pense, ils ne vont pas à la pêche mais en safari. Ils délaissent leurs cuissardes et leurs seaux en zinc pour le fusil à lunette et le casque colonial: il faut d'abord mater le grand fauve.

Selon une encyclopédie moderne, la capitale de la moule est Charron situé à 25km de La Rochelle. C'est une supposition. D'autres la situent à Hal à 23 km de Bruxelles pile si Bibendum est exact. C'est à 't Kriekske qu'on mange les meilleures moules de l'univers.

La nature de la moule est incertaine. Certains l'élèvent, d'autres la cultivent. Si bien qu'on ne sait plus si c'est une plante ou une bête. Elle se vend au litre, comme de la bière, mais ne se boit clairement pas (essayez, vous serez surpris). Elle cache ses gonades dans une bosse de Polichinelle. C'est un être facétieux.

Fatiguée par son voyage primordial à dos de crocodile, la moule a décidé de se fixer définitivement, laissant l'océan lui jeter sa nourriture à la figure. Contrairement à la coquille saint-jacques, elle n'a pas d'yeux, et ne peux distinguer le nectar du tout-venant. Elle en devient obèse et neurasthénique.

Comme l'huitre et Aurore, ses lointaines cousines, elle fabrique des perles. A Borneo, on en rempli la bouche des morts. En Inde, elles soignent les hémorragies, la jaunisse, la folie, l'empoisonnement, la phtisie. Elles ressemblent à l'homme sphérique de Platon, subliment les instinct, spiritualisent la matière et transfigurent les éléments. Les moules sont en fait les messagères des dieux.

Souvenez vous-en lors de votre prochain moule-frites. Dans le reflet du bouillon au céleri, entre les rondelles d'oignon et dans les senteurs d'ail et de marée, vous communiquez avec le Tout-Puissant.
Méditez bien cela.

Et qu'Odin Maudisse les crabes.


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